DESMOULINS Jérôme's Blog
Avec Le Serpent du Val d’Hérens, Tatjana Malik signe un polar bien construit, ancré dans les paysages hivernaux du Valais et du canton de Vaud. L’autrice, forte de son expérience en police scientifique, continue de bâtir une œuvre cohérente autour d’enquêtes réalistes et immersives.
Ce livre a été pour moi une superbe découverte : je ne connaissais pas Tatjana Malik avant cette lecture, et je dois dire que j’ai été agréablement surpris par la qualité de son écriture.
On retrouve dans ce roman l’inspectrice Morgane Michel, déjà présente dans les précédents ouvrages de l’autrice, confrontée cette fois à une série de meurtres aussi macabres qu’inquiétants : un corps retrouvé dans un baril, un autre mutilé, des messages laissés sur les lieux du crime comme autant de traces empoisonnées. Le tueur en série semble glisser silencieusement entre les vallées, insaisissable, à l’image d'un serpent.
Ce qui m’a particulièrement plu dans ce livre, c’est que l’histoire m’a captivé du début à la fin. L’intrigue est prenante, même si elle ne suit pas nécessairement la construction classique d’un suspense à rebondissements. Il ne s’agit pas ici d’un thriller effréné, mais plutôt d’un récit structuré autour des journées de Morgane Michel, qui nous immerge dans son quotidien de policière. Ce choix narratif donne au roman un rythme plus introspectif, presque feutré, où l'on prend le temps de s’attacher aux personnages et de s’immerger dans l’atmosphère.
J’ai aimé ce format en « chroniques », où chaque journée dévoile un peu plus de l’enquête mais aussi de la personnalité de Morgane. On la suit dans ses réflexions, ses doutes, ses moments de solitude ou de tension. On sent une femme profondément humaine, à la fois forte et vulnérable. Certains chapitres adoptent aussi le point de vue d’autres personnages, ce qui enrichit la narration et complexifie habilement le portrait général.
Le réalisme des scènes d’investigation, nourri par l’expertise professionnelle de l’autrice, apporte une profondeur rare au récit. Tatjana Malik ne cherche pas l’effet de choc gratuit : elle mise sur la crédibilité, le détail, la lente montée en tension. Cela fonctionne très bien. On sent que chaque étape de l’enquête a été pensée, que rien n’est laissé au hasard.
Mais ce qui distingue vraiment ce roman, c’est son décor. Le Val d’Hérens y est presque un personnage à part entière. Tatjana Malik y déploie des descriptions précises et évocatrices, qui rendent un hommage sincère à cette région magnifique. Les paysages enneigés, l’isolement des villages, la rudesse du climat, tout contribue à créer une atmosphère à la fois majestueuse et étouffante. Cette immersion géographique renforce l’originalité du livre et participe pleinement à sa réussite.
Le Serpent du Val d’Hérens est donc un polar intelligent, à l’écriture soignée, qui séduit autant par son ambiance que par la justesse de ses personnages. C’est une lecture que j’ai vraiment appréciée, et que je recommande vivement. Que vous soyez amateur de polars ou simplement en quête d’une belle découverte littéraire, ce roman a toutes les qualités pour vous séduire.
Un grand merci à Tatjana Malik pour ce nouvel opus maîtrisé, qui donne envie de découvrir ses autres titres. Une autrice que je suivrai désormais avec attention.